Depuis des années, la commission de 30 % d’Apple sur les paiements effectués via l’App Store est au centre de nombreuses critiques. Développeurs, entrepreneurs et même certains responsables politiques s’acharnent à dénoncer cette pratique, la qualifiant d’injuste, voire d’abusive.
Pourtant, à bien y regarder, cette fameuse commission de 30 % est loin d’être une exception dans le paysage commercial actuel. Dans des secteurs comme l’édition de livres ou de livres audio, nous sommes souvent confrontés à des commissions bien plus élevées, et ces réalités méritent d’être entendues.
Un article non sponsorisé, mais un constat basé sur notre expérience
Avant de continuer, précisons un point important : cet article n’est pas sponsorisé par Apple, ni par aucune autre entreprise. Bien que notre société et nos filiales utilisent fréquemment des produits Apple pour des raisons professionnelles, ce coup de gueule n’est en aucun cas partisan.
Nous nous contentons ici de partager notre expérience, forgée dans des secteurs où les commissions sont souvent bien plus lourdes à supporter que les 30 % d’Apple.
Nous tenons aussi à préciser que, comme tout le monde, nous subissons l’impact de ces commissions élevées. Elles réduisent nos revenus, et cela peut parfois peser sur la rentabilité de nos projets. Cependant, il est frustrant de voir l’opinion publique et les politiques concentrer l’intégralité de leurs critiques sur une seule entreprise, alors que des pratiques similaires, voire pires, sont monnaie courante ailleurs.
Des commissions qui dépassent largement 30 %
Prenons un exemple concret : dans l’édition de livres audio, nous avons vu des distributeurs et revendeurs réclamer des commissions de 50 %, 60 %, voire 70 %. Oui, vous avez bien lu, 70 % des revenus générés par notre travail peuvent être captés par des plateformes de distribution.
Cela signifie que sur chaque euro gagné, nous n’en percevons qu’une fraction. Il devient alors difficile de faire face aux coûts de production, aux frais liés à l’enregistrement, au montage, à la mise en place d’une infrastructure pour diffuser ces œuvres, sans parler des salaires des collaborateurs impliqués dans chaque projet.
Et pourtant, ces pratiques, bien que lourdes et injustes, ne font jamais les gros titres. Pourquoi ? Parce que ces entreprises ne sont pas Apple. Elles ne sont pas dans le viseur des critiques ni des régulateurs, et leurs pratiques, bien qu’impactantes, passent inaperçues aux yeux de l’opinion publique.
Apple, la cible facile
Nous comprenons que la position dominante d’Apple dans l’industrie technologique attire davantage de critiques. Après tout, la marque à la pomme est une figure emblématique du secteur. Mais il est temps de reconnaître que cette focalisation exclusive sur une entreprise est à la fois intellectuellement malhonnête et contre-productive.
Pourquoi cette concentration sur Apple, alors que de nombreuses autres entreprises, tant dans la tech que dans des secteurs comme l’édition, appliquent des politiques de commissions similaires, voire plus sévères ? Est-ce parce qu’il est plus facile de s’en prendre à une entreprise mondialement reconnue, ou parce que les pratiques des autres sont tout simplement moins visibles ?
Nous ne cherchons pas à défendre Apple à tout prix. Comme toute entreprise, elle est loin d’être parfaite. Mais il est hypocrite de laisser de côté les autres plateformes et secteurs qui imposent des pratiques bien plus restrictives sans jamais être inquiétés par les régulateurs ou les médias.
Un problème global qui dépasse Apple
Les politiques et les régulateurs devraient élargir leur vision et prendre en compte l’ensemble des secteurs où ces commissions élevées sont devenues la norme. Dans le monde des applications et des services numériques, 30 % est loin d’être un pourcentage exorbitant. Ce chiffre inclut des services tels que l’infrastructure, la sécurité des transactions, la visibilité sur une plateforme mondiale et un accès direct à des millions d’utilisateurs. Est-ce excessif comparé aux 70 % qu’on nous prélève pour la distribution de nos livres audio ? Nous ne le pensons pas.
Il est important de souligner que les commissions appliquées par les plateformes telles qu’Apple ne sont pas sans contrepartie. Ces plateformes offrent une visibilité, un réseau de distribution massif et une sécurité que les entreprises plus petites ne pourraient pas atteindre seules.
Dans d’autres secteurs, les commissions sont souvent plus élevées, sans pour autant offrir des services équivalents. Dans certains cas, nous payons ces commissions juste pour que nos produits soient disponibles à la vente, sans garantie de visibilité ou de volume de ventes.
Ce qui nous agace vraiment
Ce qui nous agace, c’est l’hypocrisie du discours public. Il est vrai que les commissions, qu’elles viennent d’Apple ou d’autres plateformes, affectent directement nos marges et réduisent notre capacité à investir dans de nouveaux projets. Mais pourquoi les politiques et l’opinion publique se concentrent-elles uniquement sur une entreprise, alors que d’autres acteurs appliquent des pratiques bien plus lourdes et déconnectées des services qu’ils offrent ?
L’ironie est que ces plateformes, qui prélèvent des commissions bien plus élevées, réussissent à passer sous le radar, sans jamais être confrontées à une critique sérieuse. Nous pensons qu’il est temps de rééquilibrer ce débat, d’avoir une vue d’ensemble des pratiques commerciales mondiales, et d’arrêter de faire d’Apple le bouc émissaire d’une problématique bien plus vaste.
Un appel à une régulation plus équilibrée
Nous appelons à un débat plus large et plus équilibré. Les commissions, qu’elles soient de 30 % ou plus, représentent un vrai défi pour les entreprises comme la nôtre.
Nous aimerions voir des régulateurs et des décideurs politiques prendre en compte l’ensemble des pratiques dans tous les secteurs, et non se concentrer uniquement sur une seule entreprise.
Si des réformes doivent être mises en place, elles doivent s’appliquer à tous de manière équitable, et non cibler uniquement ceux qui sont sous les projecteurs.
En attendant, nous continuerons à composer avec ces commissions élevées, tout en restant vigilants face aux discours qui cherchent à simplifier une problématique bien plus complexe.